Expliquer les ruées bancaires avec le modèle Diamond-Dybvig
Les économistes Douglas Diamond et Philip Dybvig ont reçu le prix Nobel d'économie 2022 pour leur modèle Diamond-Dybvig. Il explique comment les ruées bancaires surviennent en raison d'un décalage entre actifs et passifs et préconise l'assurance des dépôts pour les prévenir.
Principes de base
L'histoire de la banque a connu des ruées bancaires, source potentielle de chaos et de pertes pour les déposants et les économies. Les ruées bancaires se produisent lorsque de nombreux clients tentent de retirer leur argent simultanément, inquiets de la solvabilité de la banque. Si les ruées ont provoqué la faillite de nombreuses banques au fil de l'histoire, ce n'est que ces dernières décennies que leurs causes et solutions ont été étudiées en profondeur.
Le modèle Diamond-Dybvig
Le modèle Diamond-Dybvig est l'un des cadres les plus influents pour analyser les raisons des ruées bancaires et les moyens d'y répondre. En novembre 2022, l'effondrement de FTX, une plateforme de cryptomonnaie, a soulevé des questions sur la manière dont les paniques sur ces plateformes diffèrent de celles des banques traditionnelles.
Brève histoire du modèle Diamond-Dybvig
Douglas W. Diamond et Philip Dybvig, tous deux économistes et professeurs, sont connus pour leur article de 1983 intitulé "Ruées bancaires, assurance des dépôts et liquidité" ("Bank Runs, Deposit Insurance, and Liquidity"), qui a introduit le modèle Diamond-Dybvig. Ce modèle leur a valu le prix Nobel d'économie 2022, partagé avec l'ancien président de la Réserve fédérale Ben Bernanke. Diamond est affilié à l'Université de Chicago, tandis que Dybvig enseigne à la Washington University in St. Louis.
Comment fonctionne le modèle Diamond-Dybvig ?
Le rôle des banques comme intermédiaires entre déposants et emprunteurs est examiné dans le cadre économique qu'est le modèle Diamond-Dybvig. Les déposants préfèrent des comptes liquides pour un accès facile à leurs fonds, tandis que les emprunteurs recherchent des prêts à long terme et peu liquides. Le modèle suggère que les banques créent de la valeur via les passifs qu'elles offrent, fournissant aux déposants un meilleur résultat et agissant comme une forme d'assurance. Les banques gèrent le risque des retraits de dépôts de façon analogue à une compagnie d'assurance. De plus, elles servent les emprunteurs en agrégeant les fonds de nombreux déposants, permettant des prêts importants et de long terme.
Réserve fractionnaire et ruées bancaires
Le modèle Diamond-Dybvig explique comment la structure des banques les rend vulnérables aux paniques. Les ruées bancaires surviennent lorsque les déposants paniquent quant à la solvabilité de la banque et retirent leurs fonds. Comme les banques ont des prêts à long terme, elles ne peuvent pas les rappeler immédiatement. Elles sont alors contraintes de vendre des investissements à perte pour payer les déposants. Les retraités précoces réussissent, mais d'autres peuvent échouer. Une ruée devient une prophétie autoréalisatrice lorsque les déposants se précipitent pour récupérer leur argent. Si un grand nombre de déposants retire simultanément, le risque de faillite bancaire augmente.
Prévenir les ruées : l'assurance des dépôts
Par le passé, les banques ont tenté de stopper les ruées en bloquant temporairement les retraits, mais cette méthode n'a pas réglé la panique sous-jacente qui déclenche les ruées et a laissé certains déposants sans accès à leurs fonds.
Une approche plus efficace proposée par Diamond et Dybvig est l'assurance des dépôts. Leur modèle identifie le décalage entre prêts et dépôts comme une cause clé des ruées bancaires. En fournissant une assurance des dépôts via une banque centrale ou une agence gouvernementale telle que la FDIC, le risque de ruées peut être réduit. L'assurance des dépôts garantit que les déposants récupèrent une partie ou la totalité de leur argent lors d'une ruée, renforçant la confiance publique et contribuant à la diminution des ruées depuis la Grande Dépression. Toutefois, un inconvénient potentiel est que cette assurance accrue peut inciter les banques à prendre des risques excessifs, supposant que les paniques sont peu probables.
Ruées sur les plateformes crypto
La différence entre les exchanges de cryptomonnaies et les banques traditionnelles est mise en évidence par des ruées médiatisées, comme l'effondrement de FTX en 2022. Contrairement aux banques assurées, les exchanges crypto n'ont pas d'assurance des dépôts de la FDIC ou d'un organisme gouvernemental, laissant les individus qui stockent leurs jetons numériques sans les mêmes garanties. Cette absence de filet de sécurité augmente la vulnérabilité des exchanges aux paniques et retraits massifs.
Conclusion
Le décalage entre actifs et passifs bancaires peut provoquer des problèmes de liquidité que le modèle Diamond-Dybvig éclaire en termes de ruées bancaires. En instaurant une assurance des dépôts, les inquiétudes des déposants peuvent être apaisées, réduisant la probabilité qu'une banque fasse faillite à la suite d'une ruée concentrée sur ses fonds.